Personne ne m’aime – part two
Scrogn | 23 mars 2007La journée avait été morose. Le ciel faisait autant la baboune que les affreux. D’ailleurs, le Crapulet nous avait rapporté de sa classe de maternelle, le même teint grisâtre que les nuages. Pas de doute, la grippe s’était encore invitée chez nous… Et comme d’habitude, Guinness tentera d’y échapper lâchement. La vie de famille semble connaître ses limites avec mon cher homme. Tandis que, moi, je partage tout, y compris les microbes de ma progéniture. Je sentais que je couvais quelque chose issue du sac d’école de notre aîné. Méfiez-vous des cartables! C’est sournois, c’est plein de devoirs à faire en famille et plein de cochonneries volatiles… Tel sera mon conseil d’aujourd’hui (j’aime me sentir utile).
Bref, j’étais de sale poil (comme d’habitude) et surtout moins apte à me défendre efficacement. Mais l’heure tardive (19h47)  favorisait la capacité écoeurante des parents à s’extasier devant leur progéniture surtout lorsque celle-ci est « agheu-agheu-ante ».
Nous étions donc dans la chambre de notre troisième prince héritier à admirer, béats, la taille de sa bulle de bave. Visiblement, il avait un record à battre. Lorsque cette sphère peu ragoûtante éclata , nous eûmes une conversation surréaliste, Grumpy, Guinness et moi.
Notre dernier-né entama les hostilités en émettant de vagues syllabes.
« T’as entendu ? Dis, t’as entendu ? Il a dit maman ! » fis-je triomphante
Faut dire que j’étais restée un peu sur ma faim, la dernière fois…
Guinness ne put s’empêcher de jouer les rabat-joie :
» Nan, il n’a pas dit « maman »… Ça ressemblait plus à un « Madame », si tu veux mon avis… »
Je l’ai mal pris, vous vous en doutez bien, d’autant que mes sinus me lançaient des signaux de détresse…
« Eh ! Oh ! Ce n’était pas « Madame » ! Ça ressemblait plus à « Majesté » (pouf, pouf) »
Guinness, qui dégaine des vacheries plus vite que son ombre, répliqua au bout d’à peine 13 minutes et 42 secondes :
» Ben, si on va dans ce sens, je dirai que c’était plus proche de « matante », à l’oreille »
Je sentais le maudit microbe migrer de mon groin vers ma gorge, après un petit détour à la case « crâne ». La vengeance est un plat qui se mange froid… Donc, ça se mange… Hé, hé, hé…
« Mamour, je ne me sens pas très bien. Il faut que j’aille me coucher tôt…Je pense que je vais me dépêcher d’aller préparer le souper, pour toi et moi »
Et, in petto, « mais compte sur moi, je ne laverai pas les mains… »
Et tu l’auras dans le pif. Enfin, pour ton bien, je l’espère…
Â
Â
J’aime assez « majesté »… Pour la reine des Scrogneugneuses, quoi de plus normal !
Mon Dieu, qu’une femme est rusée !!!